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L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme.

Publié le 30 mars 2025

Première exposition en France consacrée à l’art dit « dégénéré », elle explore et met en perspective l’attaque méthodique du régime nazi contre l’art moderne. Au Musée national Picasso-Paris jusqu’au 25 mai 2025.

L’expression nazie « art dégénéré » désigne une campagne publique d’exclusion et de destruction de l’art moderne, s’étalant sur plus de dix ans, de l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933 à la fin de la seconde guerre mondiale en 1945. Au cours de cette campagne, plus de 1400 artistes sont insultés, livrés à la vindicte, limogés de leurs postes d’enseignants, interdits d’exposer et de travailler, menacés physiquement ou contraints à l’exil.

 

 

« L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme. » étudie en particulier l’exposition de propagande « Entartete Kunst » (Art dégénéré), organisée en 1937 à Munich, montrant plus de 600 œuvres d’une centaine d’artistes, représentants des différents courants de l’art moderne, d’Otto Dix à Ernst Ludwig Kirchner, de Vassily Kandinsky à Emil Nolde, de Paul Klee à Max Beckmann ou encore Vincent Van Gogh et Pablo Picasso, dans une mise en scène volontairement conçue pour provoquer le dégoût du visiteur.

Dès 1933, des expositions sont conçues et installées dans plusieurs musées (Dresde, Mannheim, Karlsruhe…) pour dénoncer les avant-gardes artistiques comme une menace à la « pureté » allemande.

 

Adolf Dressler (1898-1971), Couverture du guide de l’exposition “Art” dégénéré, Entartete Kunst Ausstellungsführer (Guide de l’exposition « Art » dégénéré) 1937 Photo © mahJ / Christophe Fouin

 

« Entartete Kunst » s’inscrit dans le contexte d’une « purge » méthodique des collections allemandes. Plus de 20 000 œuvres, parmi lesquelles celles de Vincent Van Gogh, Marc Chagall ou de Pablo Picasso, cas exemplaire de l’ « artiste dégénéré », sont ainsi retirées, vendues ou détruites. « Le procès de l’art moderne sous le nazisme » permet de montrer l’étendue des esthétiques et des artistes visés.

Au centre de cette histoire, le terme de « dégénérescence , émergeant au cours du XIXe siècle dans différentes disciplines (histoire naturelle, médecine, anthropologie, histoire de l’art…) jusqu’à sa cristallisation au cœur de la « vision du monde » national-socialiste, sert de vecteur au déploiement des théories racistes et antisémites au sein de l’histoire de l’art.

 

Emy Roeder, Schwangere, 1918 Staatliche Museen zu Berlin, Museum für Vor- und Frühgeschichte, foto : Achim Kleuker © Museum im Kulturspeicher Würzburg, estate of Emy Roeder

 

En finir avec l’art moderne, production d’ »idiots », de « malades mentaux », de « criminels », de « spéculateurs », de « juifs », de « bolchéviques », pour faire advenir un art sain, image de la race allemande, tel est le programme que se donne la révolution culturelle nazie. Elle reprend ici un ensemble de discours élaborés tout au long du XIXe siècle en Europe opposant à une pureté fantasmée la menace de la « dégénérescence ». Les œuvres et les documents présentés dans cette exposition sont les témoins de cette histoire.

Pour en savoir plus sur le site du Musée Picasso

Sources : Musée Picasso

 

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