L’Arabe du futur 4 : l’adolescence tumultueuse de Riad Sattouf entre Bretagne et Syrie…
Le 4ème volume de cette aventure autobiographique en bande-dessinée révèle « LE » secret familial. Il est la raison d’être de cette série, déjà traduite en 22 langues et vendue à plus d’un million d’exemplaires…!
Le petit Riad de neuf ans va devenir adolescent au cours de ce 4ème tome de L’ Arabe du futur qui couvre les années 1987-1992. Et c’est une période bien difficile pour le jeune garçon, écartelé entre ses deux cultures et ses deux pays, avec une mère française et un père syrien qui ne s’entendent plus.
Son père, parti seul travailler en Arabie saoudite, s’engage de plus en plus dans la religion. Sa mère, rentrée en Bretagne avec les enfants, désapprouve les nouvelles convictions de son mari qu’elle ne comprend plus.
Riad, lui, grandit en France et observe ce père dont le comportement lui semble de plus en plus étrange. Sa mère a refusé de le suivre en Arabie saoudite. Mais lorsque la famille doit repartir en Syrie, le choc est rude…
Ce qui fait la force et le talent de l’auteur et réalisateur Riad Sattouf – son hypersensibilité – est au sortir de l’enfance un handicap pour s’adapter à la vie française aussi bien que syrienne. Cette hypersensibilité lui permet aujourd’hui de raconter brillamment son histoire, qui brasse des thématiques complexes et cruellement d’actualité, en évitant de nombreux écueils.
Il nous fait ainsi slalomer en toute innocence entre politique et religieux sans s’y attarder car il nous raccroche à une réalité, celle du ressenti du jeune Riad, par tous ses sens : les odeurs de tilleul, de feu de cheminée, de « toiles d’araignées sèches » et les sons, avec entre autres son petit frère qui chante du Joe Dassin toute la journée… Il nous entraine en immersion dans l’univers de ce petit garçon qui a bien du mal à sortir de l’enfance et doit avancer dans ce monde brutal, où il lui faut marcher sur un fil entre deux cultures, deux pays, deux familles et entre de nombreuses tensions.
Bien que les événements qui rythment ce quatrième volume pourraient nous mener tout droit dans le pathos, celui-ci est judicieusement jugulé par une auto-dérision et un humour corrosifs. Un humour étonnant, qui arrive toujours lorsqu’on s’y attend le moins : Dieu a la tête de Georges Brassens dans ses rêves…
Pourtant, le petit Riad est bien malmené, entre les attentes que l’on met sur ses épaules et la pression exercée sur lui par son père – « Tu es un Arabe d’abord ! » – et par son grand-père, visiblement homophobe, qui s’inquiète que son petit-fils ait une voix efféminée et ne regarde pas les filles (« On sera bien avec nos trois petits pédés dans la famille »)… Puis il reprend l’école en Syrie, mais il ne sait plus parler l’arabe. Il a deux ans de retard et c’est « déshonorant » pour un fils de professeur… Il se fait attaquer à la tête avec une pierre et insulter à l’école. Il observe, éberlué et fragile, toute cette violence.
Plus il grandit, plus il s’interroge sur ces comportements. Le lecteur le suit dans son observation du monde, dans ses déambulations – qui peuvent faire écho aux siennes – dans des problématiques difficiles à comprendre. Le monde agité du petit Riad Sattouf, c’est un peu notre monde, ses turbulences, son chaos et ce regard d’enfant posé sur son absurdité, sur ses incohérences a quelque chose de salvateur.
Comme avec Esther, une autre héroïne de Riad Sattouf, les adultes cèdent au plaisir de la régression pour suivre l’auteur qui sait merveilleusement ré-intégrer la tête, le corps et les émotions d’un enfant.
L’album « 4 » compte 288 pages et Riad Sattouf a annoncé fin 2018 que la saga comporterait six volumes. On attend la suite avec impatience !
Dans le premier tome (1978-1984), le petit Riad était ballotté, de sa naissance à ses six ans, entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de ses grands-parents et la Syrie de Hafez Al-Assad.
Le deuxième tome (1984-1985) racontait sa première année d’école en Syrie.
Le troisième tome (1985-1987) était celui de sa circoncision.
Biographie
Riad Sattouf est auteur de bandes dessinées et réalisateur.
Né en 1978, il passe son enfance entre la Libye, la Syrie et la Bretagne. Il étudie les arts appliqués à Nantes et le cinéma d’animation à Paris, à l’école des Gobelins. Il a publié de nombreuses bandes dessinées, parmi lesquelles Retour au collège ou La Vie secrète des jeunes.
Il est l’un des rares auteurs à avoir gagné à deux reprises le Fauve d’Or du meilleur album de l’année au festival d’Angoulême (Pascal Brutal 3 en 2010 et L’Arabe du futur 1 en 2015).
Depuis 2014, il dessine chaque semaine Les Cahiers d’Estherdans L’Obs, d’après les histoires vraies d’Esther A. Le premier recueil des histoires de cette petite fille (Les Cahiers d’Esther – Histoires de mes 10 ans) a paru en janvier 2016 chez Allary Éditions et deux autres volumes ont suivi.
L’adaptation en dessin animé du premier recueil est diffusée à partir en septembre 2018 sur Canal +.
La série L’Arabe du futur, vendue à plus d’1,5 million d’exemplaires, est traduite dans 22 pays.
Riad Sattouf est également cinéaste (Les Beaux Gosses, César du meilleur premier film ; Jacky au royaume des filles).
Acheter L’arabe du futur 4 (voir aussi les tomes 1,2,3) Riad Sattouf sur Librairies indépendantes
Éditions Allary – 288 pages – 25,90 euros
Riad Sattouf - © Photo : Renaud Monfourny
Le Centre Pompidou consacre une exposition aux dessins de Riad Sattouf jusqu’au 11 mars 2019.
Exposition Riad Sattouf, l’écriture dessinée à la BPI, Centre Pompidou, du 14 novembre au 11 mars 2019.
Les planches de la bande-dessinée sont reproduites avec l’aimable autorisation des éditions Allary.
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