Défricheuses / féminismes, caméra au poing et archive en bandoulière

 

C’est le titre de cette passionnante exposition proposée par La Cité internationale des arts à Paris, en partenariat avec le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir et dans le cadre du Festival d’Automne 2023.

 

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L’exposition revient sur l’histoire culturelle et visuelle du féminisme en France dans les années 1970 et 1980 à travers la fondation en 1982 du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir par 3 femmes – Delphine Seyrig, Carole Roussopoulos et Ioana Wieder, membres du collectif Les Insoumuses.

Cette exposition nous permet une immersion dans les coulisses d’un mouvement aux multiples facettes avec un accès à des archives exceptionnelles : au travers des vidéos de ces trois femmes, ainsi que des vidéos d’autres réalisatrices et collectifs féministes conservées au Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir à Paris depuis ses débuts, se dessine une cartographie des luttes de l’époque : le droit à l’interruption volontaire de grossesse, à la liberté sexuelle, les luttes des lesbiennes, queers, gays, travailleuses de différents secteurs économiques, les conditions de vie des travailleuses du sexe, les droits des prisonnières politiques, la torture, la guerre au Vietnam ou encore l’antipsychiatrie dans un cadre résolument international.

Elle propose une vision du combat pour l’émancipation des femmes à travers la mise en regard de ces images, filmées et diffusées grâce aux premières caméras vidéo et magnétoscopes portables par des collectifs vidéo féministes – qui ont documenté ces luttes tout en y participant, avec différentes pratiques d’artistes contemporaines.

Au milieu des années 1970, Delphine Seyrig, actrice, et Ioana Wieder, traductrice, rencontrent Carole Roussopoulos, vidéaste et militante, et forment un collectif vidéo baptisé Les Insoumuses. Roussopoulos est l’une des premières femmes à utiliser le système vidéo Portapak de Sony, disponible en France à la fin des années 1960. Avec son mari Paul, Carole Roussopoulos fonde le collectif militant Video Out avant de s’associer avec des Insoumuses, dont les vidéos s’inscrivent dans un contexte où les femmes s’approprient largement les nouvelles technologies vidéo portables, dans un geste de désobéissance et d’émancipation.

En 1982, les trois femmes fondent le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir et, dès le début, elles s’engagent à produire, archiver, distribuer et oeuvrer à la restauration des vidéos des réalisatrices françaises et internationales, et de divers collectifs féministes. Nicole Fernández Ferrer, co-commissaire de cette exposition, rejoint les fondatrices dès l’ouverture du Centre en tant que documentaliste chargée des archives.

Si le sujet vous intéresse, il faut prévoir du temps pour réellement profiter de l’exposition car les vidéos sont nombreuses, souvent captivantes et constituent de riches et précieux témoignages historiques, comme « Femmes du Vietnam (1969/1973) », une vidéo réalisée par Seyrig, Wieder et le partenaire de Seyrig, l’acteur Sami Frey, à partir d’un montage de diapositives de Jane Fonda, comprenant des photos prises lors de son voyage au Vietnam et accompagnée d’un enregistrement sonore.

J’ai été aussi très touchée dans la salle « Une histoire en cours » avec des oeuvres plus récentes, par une oeuvre de Paula Valero Comín qui commente l’herbier de Rosa Luxemburg dans Manifestation végétale // Herbier Résistant Rosa Luxemburg (2020-2023). Paula Valero Comín établit des liens entre la résilience des plantes urbaines et l’engagement de femmes de différents pays et de différentes générations que l’artiste a sélectionnées pour leur activité de protection de la diversité de tous les êtres vivants.

Les féminismes et notamment l’écoféminisme sont à l’honneur dans cette exposition.

L’exposition est gratuite et un formidable petit livret d’une cinquantaine de pages est aussi offert aux visiteurs avec des photos et de nombreux textes qui expliquent les contenus de chaque salle. Défricheuses / féminismes, caméra au poing et archive en bandoulière, c’est jusqu’au 20 décembre 2023 et vraiment à voir.

Artistes

Rada Akbar, Leonor Antunes, Claire Atherton, Chimurenga, Saddie Choua, Françoise Dasques, Micha Dell-Prane, Catherine Deudon, Marie-Dominique Dhelsing, Anne Faisandier, Martine Franck, Sami Frey, Sophie Keir, Bouchra Khalili, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki, Eugenie Kuffler, Guy Le Querrec, Myriam Mihindou, Kate Millet, Zanele Muholi, Lur Olaizola, ORLAN, Lili Reynaud Dewar, Megan Rossman, Nadja Ringart, Carole Roussopoulos, Paul Roussopoulos, Eszter Salamon, Abraham Ségal, Delphine Seyrig, Paula Valero Comín, Ioana Wieder, Martha Wilson, Nil Yalter.

Avec la contribution de :

Ti-Grace Atkinson, Mary Barnes, Coordination des femmes noires, Pierre Jouannet, Yvette Roudy, Awa Thiam.

Commissariat : Nicole Fernández Ferrer, co-présidente du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir et Nataša Petrešin-Bachelez, responsable de la programmation artistique et culturelle de la Cité internationale des arts

Le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir

Le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir a eu dès ses débuts pour but d’archiver, diffuser et préserver les oeuvres du Mouvement de libération des femmes, ce qui en fait un projet pionnier en France. Il a ouvert ses portes à Paris en juin 1982 au 32, rue Maurice Ripoche, une rue donnant sur l’avenue du Maine. Il y avait des activités à tous les étages de la maison : montage au sous-sol, l’accès public et les projections au rez-de-chaussée, les bureaux au deuxième étage, et une autre salle de montage au troisième. En demandant à Simone de Beauvoir de donner son nom au Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, ses fondatrices Seyrig, Roussopoulos et Wieder ont voulu mettre en avant la continuité entre les générations et la signification permanente des luttes des générations précédentes pour le présent. Pour elles, une expression créative était constamment entrecoupée d’une réflexion sur le devenir personnel, impliquant la tentative de transformer à la fois sa vie et son travail par l’activisme politique. Pour elles, la politique impliquait l’autodétermination, des alliances avec d’autres femmes dans le monde entier, des efforts pour ouvrir des espaces et des opportunités d’action immédiate, et un accent sur les relations de solidarité en opposition aux structures patriarcales compétitives.

La page de l’exposition Défricheuses / féminismes, caméra au poing et archive en bandoulière sur le site de la Cité Internationale des Arts avec les textes explicatifs du Parcours de l’expo, les manifestations Programme satellite et les Informations pratiques

Galerie de la Cité internationale des arts | Site du Marais

18, rue de l’Hôtel de Ville

75004 Paris

Du 28 septembre au 20 décembre 2023

Les mercredis de 14h à 21h

Du jeudi au samedi de 14h à 19h

Entrée libre

Toutes les informations sur le site de la Cité Internationale des Arts

Le site du Centre Simone de Beauvoir

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