Mohammed Abdelnabi. Le premier roman sur la condition homosexuelle en Égypte
Rencontre avec l’écrivain Mohammed Abdelnabi pour parler de son livre La chambre de l’araignée.
Dans cette interview, nous discutons de ce roman égyptien qui, s’il n’est pas le premier à évoquer ce sujet dans le monde arabe, est sans doute le premier à lui offrir la place centrale.
À une époque où l’homosexualité est sévèrement réprimée en Égypte, l’auteur nous parle de ce livre, écrit en arabe, dans lequel le narrateur est homosexuel. Il nous explique ses intentions et son envie de contribuer à une meilleure compréhension de cette réalité.
Écouter l’interview
Une interview réalisée par Anne Greffe Traduction : Rania Samara
Présentation par l’éditeur
L’affaire du Queen Boat, qui fit à l’époque couler beaucoup d’encre, marque le début de la descente aux enfers de Hani Mahfouz, arrêté le jour-même de la rafle non sur le bateau mais dans la rue, alors qu’il se promène en compagnie de son ami Abdelaziz. Celui-ci, appartenant à une famille influente, est rapidement acquitté. Mais pas Hani, qui passe en prison plusieurs mois d’incessantes humiliations et en sort brisé – tant physiquement que moralement –, et ayant perdu l’usage de la parole.
Reclus depuis lors dans une petite chambre d’hôtel, où seule une araignée comble sa solitude, il entreprend, sur le conseil d’un psychiatre, de consigner son histoire, en commençant par son enfance au sein d’une famille aisée. Habité de ses angoisses, il s’attelle à la tâche dans un va-et-vient permanent entre deux temps : avant et après son incarcération, avant et après son mariage forcé, avant et après sa première expérience charnelle avec un homme, avant et après la fréquentation de son mentor – dit “le Prince” pour son élégance et son rayonnement dans le milieu gay.
D’autres histoires que la sienne surgissent dans sa mémoire : celles de ses compagnons d’infortune durant son incarcération ou d’homosexuels côtoyés auparavant, tous victimes de l’incompréhension de leurs proches et d’un rejet social quasi unanime, mais qui luttent différemment contre l’ostracisme ambiant, chacun selon son tempérament, tantôt en se repliant douloureusement sur lui-même, tantôt en affichant haut et fort son homosexualité – sans oublier ceux qui finissent par se suicider.
Le grand mérite de La Chambre de l’araignée n’est pas seulement d’explorer en profondeur, et pour la première fois, la condition homosexuelle en Égypte, mais aussi de le faire dans une langue toute en retenue, en évitant les clichés et les anachronismes.
Né en 1977, Muhammad Abdelnabi a fait des études de langue anglaise, de traduction et d’interprétation simultanée à l’université d’Al-Azhar, au Caire. Il est traducteur-interprète et anime un atelier d’écriture. Son deuxième roman, La Chambre de l’araignée, a été retenu en 2016 sur la short list de l’International Prize for Arabic Fiction. Muhammad Abdelnabi compte incontestablement parmi les écrivains égyptiens les plus brillants de sa génération.
La Chambre de l’araignée de Mohammed Abdelnabi
Éditions Sindbad /ACTES SUD – “Mondes arabes”
Commander La Chambre de l’araignée sur le site Librairies Indépendantes
Écouter l’interview
Une interview réalisée par Anne Greffe Traduction : Rania Samara
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