Thelonious Monk et la baronne Pannonica : une étonnante aventure artistique et politique !
L’interview du réalisateur Jacques Goldstein. Un beau documentaire à voir sur Arte !
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« Nica », son fume-cigarette en or, son élégance et son amour infini du jazz… Quand elle croise l’étrange musique de Thelonious Monk salle Pleyel, à Paris, en 1954, Pannonica de Koenigswarter est aussitôt happée par son génie et sa radicale liberté. Épouse d’ambassadeur, la baronne, née Rothschild, ancienne pilote et résistante, va tout quitter pour accompagner à New York la « révolution » du pianiste et l’installer, avec le be-bop, sur la scène internationale. Dans l’Amérique ségrégationniste des années 1950, le jazz est méprisé, et Monk, interdit de club après une arrestation pour détention de drogue, incarne à lui seul l’incandescence entravée des musiciens afro-américains, leur dénuement et leur solitude. L’égérie « Nica » les aide et les héberge dans sa suite d’hôtel où Charlie Parker mourra dans un éclat de rire – puis dans sa maison du New Jersey. Dans un carnet de cuir rouge, elle consigne aussi les portraits de ses amis jazzmen, de Charlie Mingus à Miles Davis en passant par John Coltrane, saisis sur le vif avec un Polaroid, qu’elle documente de trois vœux recueillis auprès de chacun d’eux. Photos et textes composent alors l’album simple et sensible d’une génération d’artistes en lutte, qui se retrouvent au Five Spot pour de légendaires jam-sessions.
Au fil d’archives, photos et concerts, de contributions de musiciens – Archie Shepp, William Parker, Wadada Leo Smith, Roy Nathanson… – et d’éclairages (Laurent de Wilde, le biographe de Monk), le réalisateur Jacques Goldstein raconte ce combat, artistique et politique, en s’appuyant sur les émouvants trésors du carnet rouge de la baronne, retrouvé par sa petite-fille et édité en fac-similé en 2006. À travers l’amitié entre Pannonica et l’insaisissable pianiste, dont le portrait, nourri par le témoignage de son fils, est esquissé, ce film retrace l’épopée créative de ces musiciens noirs pour résister à la violence sociale, inventer le jazz et l’imposer comme un art majeur. «
À voir sur Arte le 1er mai 2022 à 23h50
et sur arte.tv du 24/04/2022 au 30/05/2022
Documentaire de Jacques Goldstein (France/Luxembourg, 2021, 54mn) – Coproduction : ARTE GEIE, CFRT, A_Bahn
Écouter l’interview du réalisateur Jacques Goldstein
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